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flétrissure des manches, à cette large raie horizontale imprimée dans le dos par la chaise sur laquelle il s’appuie si souvent en pinçant sa prise de tabac ou en se reposant des fatigues de la fainéantise. Vous admirerez l’homme d’affaires dans l’enflure de la poche aux carnets ; le flâneur, dans la dislocation des goussets, où il met souvent ses mains ; le boutiquier, dans l’ouverture extraordinaire des poches, qui bâillent toujours, comme pour se plaindre d’être privées de leurs paquets habituels. Enfin, un collet plus ou moins propre, poudré, pommadé, usé ; des boutonnières plus ou moins flétries ; une basque pendante, la fermeté d’un bougran neuf, sont les diagnostics infaillibles des professions, des mœurs ou des habitudes. Voilà l’habit frais du dandy, l’elbeuf du rentier, la redingote courte du courtier marron, le frac à boutons d’or sablé du Lyonnais arriéré, ou le spencer crasseux d’un avare.

Brummel avait donc bien raison de regarder la toilette comme le point culminant de la vie élégante ; car elle domine les opinions, elle les détermine, elle règne ! C’est peut-être un malheur, mais ainsi va le monde. Là où il y a beaucoup de sots, les sottises se perpétuent ; et certes, il faut bien reconnaître alors cette pensée pour axiome :