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nal m’as-tu fait débuter ? — Un comte par un M, mesdames et mesdemoiselles ? reprit-il. Un homme aussi distingué par sa naissance que par ses manières, par sa fortune et par ses équipages, un lion, un élégant, un gant jaune !…

— Il a, monsieur Olivier, dit Ernestine, le plus joli tilbury du monde.

— Comment ! Antonin, tu ne m’avais pas dit qu’il avait un tilbury, ce matin, quand nous avons parlé de ce conspirateur ; mais le tilbury, c’est une circonstance atténuante ; ce ne peut plus être un républicain…

— Mesdemoiselles, il n’est rien que je ne fasse dans l’intérêt de vos plaisirs… dit Antonin Goulard. Nous allons savoir si c’est un comte par un M, afin que vous puissiez continuer votre conte par un N.

— Et ce deviendra peut-être une histoire, dit l’ingénieur de l’arrondissement.

— À l’usage des sous-préfets, dit Olivier Vinet.

— Comment allez-vous vous y prendre ? demanda madame Mollot.

— Oh ! répliqua le sous-préfet, demandez à mademoiselle Beauvisage qui elle prendrait pour mari si elle était condamnée à choisir parmi les gens ici présents, elle ne vous répondrait jamais !… Laissez au pouvoir sa coquetterie. Soyez tranquilles, mesdemoiselles, vous allez savoir, dans dix minutes, si l’inconnu est un comte ou un commis voyageur.


CHAPITRE XII

DESCRIPTION D’UNE PARTIE DE L’INCONNU


Antonin Goulard quitta le petit groupe des demoiselles, car il s’y trouvait, outre mademoiselle Berton, fille du receveur des contributions, jeune personne insignifiante, qui jouait le rôle de satellite auprès de Cécile et d’Ernestine,