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j’ai trouvé l’occasion de glisser au sujet de l’affaire de monsieur de Camps.

— Bien obligé, dit celui-ci en s’inclinant, si vous aviez pu seulement obtenir que ce monsieur me fît parler à son chef de cabinet tout aussi invisible que lui-même, à eux deux peut-être ils parviendraient à me faire avoir une audience.

— Il ne faut pas lui en vouloir, répliqua monsieur de l’Estorade : quoique n’ayant pas un ministère politique, Rastignac a dû beaucoup s’occuper de la question électorale ; maintenant que le voilà plus libre, si vous le voulez, nous irons chez lui ensemble un de ces matins ?

— Je regarde à vous déranger pour une affaire qui devrait aller d’elle seule, car ce n’est pas une faveur que je sollicite. Je n’en demanderai jamais à votre gouvernement ; mais puisque monsieur de Rastignac est le dragon préposé à la garde des richesses métallurgiques de notre sol, il faut bien passer par sa filière et s’adresser à lui.

— Nous arrangerons tout cela, et j’ai déjà mis l’affaire en bon train, répliqua monsieur de l’Estorade ; puis, pour changer de conversation, s’adressant à madame de Camps : Eh bien ! ce chalet, demanda-t-il, est-ce vraiment quelque chose de si étonnant ?

— Ah ! dit madame Octave, c’est une habitation ravissante ; on n’a pas idée d’une recherche aussi élégante et d’un confort aussi bien entendu.

— Et Marie-Gaston ? demanda monsieur de l’Estorade, à peu près comme Orgon demande : Et Tartufe ? mais avec une curiosité beaucoup moins empressée.

— Il a été, répliqua madame de l’Estorade, je ne dirai pas très-calme, mais au moins très-maître de lui-même ; son attitude m’a d’autant plus satisfaite, que sa journée avait commencé par un grave mécompte.

— Quoi donc ? demanda monsieur de l’Estorade.

— Monsieur de Sallenauve n’a pas pu venir avec lui, dit Naïs, se chargeant de répondre.

C’était une de ces enfants élevées en serre chaude et qui