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admise. Monsieur de l’Estorade ne s’était point trompé, on devait fouiller dans la vie privée de Sallenauve, et sans doute sous l’inspiration du vertueux Maxime de Trailles, qui déjà avait fait faire plusieurs allusions par le journaliste exécuteur de ses hautes œuvres, il fut enfin demandé compte à notre ami de cette belle Italienne qu’il cache à Paris, dans sa maison.

Sallenauve ne témoigna pas plus d’embarras qu’il n’en montra devant vous et monsieur de l’Estorade ; il s’enquit seulement de la question de savoir si l’assemblée trouverait bon que son temps fût employé à écouter une histoire romanesque qui aurait l’air d’avoir été faite pour le rez-de-chaussée d’un journal ?

Les assemblées, madame, votre mari a pu vous le dire, sont de grands enfants qui ne craignent pas du tout d’entendre des histoires…

Mais voici Sallenauve qui rentre et m’annonce que le bureau du collège électoral est formé tout à fait dans un Sens à faire présumer le succès de son élection ; je lui passe la plume, lui-même se chargera du récit dont il vous avait fait tort lors de sa dernière visite, et cette lettre sera fermée par lui.


CHAPITRE XVIII

SALLENAUVE À MADAME DE L’ESTORADE


Sept heures du soir.
Madame,

La manière un peu brusque dont je me suis séparé de vous et de monsieur de l’Estorade le soir de notre visite au collège Henri IV, vous est sans doute expliquée maintenant par les préoccupations de toute sorte auxquelles j’étais en ce moment en proie ; je sais que Marie-Gaston vous en a appris le dénoûment.