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CHAPITRE X

DORLANGE À MARIE-GASTON


Paris, avril 1839.

En rentrant de chez les l’Estorade, auxquels j’étais allé faire mes adieux, je trouve, cher ami, la lettre par laquelle tu m’annonces ta très-prochaine arrivée.

Je t’attendrai toute la journée de demain ; mais le soir, sans plus de remise, je me mets en route pour Arcis-sur-Aube, où d’ici à une huitaine se sera fait le dénoûment de mon imbroglio politique.

Quels tenants et aboutissants je puis avoir dans cette cité champenoise que j’aspire, à ce qu’il paraît, à représenter ; sur quel concours et sur quel appui je dois compter ; en un mot, qui s’est occupé de faire mon lit électoral ? tout cela, je l’ignore aussi parfaitement que l’an passé, à l’époque où, pour la première fois, je reçus la nouvelle de ma vocation parlementaire.

Il y a quelques jours seulement, j’ai reçu, timbrée de Paris, cette fois, et non plus de Stockholm, une communication émanant de la chancellerie paternelle.

À voir la teneur de ce document, je ne serais pas étonné quand les éminentes fonctions remplies dans une cour du Nord par le mystérieux auteur de mes jours seraient tout simplement celles de caporal prussien ; car il est impossible de faire passer des instructions sur un ton plus impératif, plus péremptoire, et en s’ingéniant aussi désespérément des plus minutieux détails.

La note porte pour titre, en vedette :

CE QUE DOIT FAIRE MONSIEUR MON FILS.

Au reçu de la présente, je dois mettre en route la sainte Ursule, présider moi-même à l’emballage et à la mise en