Page:Balzac-Le député d'Arcis-1859.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque chose de vrai. Il dit encore que dans ma statuette il m’a donné un air de grisette, ce qui n’est pas exact le moins du monde. De là, entre ces chers chéris, des débats qui ne finissent pas.

Tout à l’heure encore, j’ai été obligée d’intervenir en leur disant qu’ils me fatiguaient avec leur monsieur Dorlange. N’en dites-vous pas autant de moi, chère madame, qui, à son sujet, vous ai déjà tant écrit, sans savoir vous apprendre rien de précis ?


CHAPITRE IX

DORLANGE À MARIE-GASTON


Paris, avril 1839.

Pourquoi je déserte mon art et ce que j’entends aller faire dans cette maudite galère de la politique ? Voilà ce que c’est, mon cher amoureux, que de s’enfermer pendant des années dans des chartreuses conjugales ! Durant ce temps, le monde a marché. Pour ceux qu’on a oubliés à la porte, la vie a amené des combinaisons nouvelles, et plus on les ignore, plus on est disposé à jeter à cet inconnu son blâme. On est toujours si grand docteur dans les choses d’autrui !

Apprends donc, cher curieux, que je n’ai pas pris de mon cru le parti dont tu me demandes compte. En me présentant d’une manière si imprévue sur la brèche électorale, je ne fais que céder à une inspiration venue de haut lieu. Laissant enfin glisser un rayon de lumière au milieu de mes éternelles ténèbres, un père s’est aux trois quarts révélé à moi, et, si j’en crois les apparences, il serait posé dans le monde de manière à satisfaire l’amour-propre le plus exigeant. Du reste, suivant la donnée ordinaire de ma vie, à cette révélation s’est rencontré un entourage de circonstances assez bizarres et assez romanesques pour mériter de t’être contées avec quelque détail.