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chaudement et vous rejoindra d’ailleurs. Je ne vous ajouterai qu’un mot : défiez-vous du sous-préfet que je crois capable de se ménager dans ce Simon Giguet un appui auprès de l’ex-président du conseil. S’il vous faut des lettres, des pouvoirs, des recommandations, écrivez-moi.

— Et les vingt-cinq mille francs ? demanda Maxime.

— Signez cette lettre de change à l’ordre de du Tillet, voici les fonds.

— Je réussirai, dit le comte, et vous pouvez promettre au château que le député d’Arcis leur appartiendra corps et âme. Si j’échoue, qu’on m’abandonne.

Maxime de Trailles était en tilbury sur la route de Troyes une heure après.


CHAPITRE XVIII

PRÉFACE AVANT LA LETTRE


Une fois en possession des renseignements fournis par l’hôtesse du Mulet et par le sous-préfet Antonin Goulard, M. de Trailles eut bientôt fait de disposer tout le plan de sa bataille électorale, et ce plan s’indique trop facilement de lui-même pour que le lecteur ne l’ait pas déjà pressenti.

À la candidature de Simon Giguet, l’habile agent de la politique personnelle opposait brusquement la candidature de Philéas ; et en dépit de la nullité et de l’invraisemblance du personnage, cette combinaison, il faut le reconnaître, avait pour elle d’incontestables chances de succès.

Mis en évidence par l’auréole municipale, auprès de la masse des électeurs indifférents, Beauvisage avait une avance énorme : son nom était connu d’eux.

La logique bien plus qu’elle n’en a l’air, préside à la conduite des choses d’ici-bas ; elle est comme la femme à laquelle, après beaucoup d’infidélités, on retourne toujours.

Ce que le bon sens voudrait, c’est qu’appelés à choisir