Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il prit lui-même le marteau, les clous, et raccommoda la guillotine ; puis, quand elle fut jugée solide, il se coucha sur la planche, et fut exécuté.

Ceci est autre chose que de mettre une perche à un brancard, et c’est du sang froid argent comptant…

— Docteur, dit une dame, vous qui devez voir beaucoup de mourans, avez-vous rencontré souvent des exemples de cette singulière tranquillité ?…

— Madame, dit-il, les criminels sont ordinairement des gens doués d’une organisation très-puissante, en sorte qu’ils ont plus de chances que les malades affaiblis par de longues agonies pour dire de jolies choses. On les tue vivans, tandis que les malades meurent tués. Puis, chez certains hommes, l’ame est fortement excitée par l’attente du supplice, et ils rassemblent toutes leurs forces pour soutenir cet assaut. Il y a exaltation. Cependant j’ai vu de belles morts particulières… Pour moi, la plus belle a été celle de la femme d’un célèbre médecin allemand, auquel j’étais fort attaché. Le tableau que cette scène nous offrit est toujours vif et coloré comme au moment où