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faite autrement que toutes les femmes. Je n’osais parler à ma mère ; je regardais le comte avec un curieux effroi, sans en être plus instruite. Je ne vous dirai pas toutes les pensées martyrisantes dont je fus assaillie ; l’idée d’un pareil supplice a été jusqu’à me faire rester, la veille de mon mariage, à tenir pendant environ une heure le bouton doré qui servait à ouvrir la porte de la chambre où dormait ma mère, sans pouvoir me décider à entrer, à la réveiller et à lui faire part de l’impossibilité où me mettait la nature d’être femme un jour.

»Bref ! je fus menée plus morte que vive dans la chambre nuptiale… »

Ici madame de… ne put s’empêcher de sourire, et elle ajouta, non sans quelque mine de sainte ni-touche :

« Mais j’ai vu que tout ce que Dieu a fait est bien fait, et que la pauvre bécasse de religieuse avait essayé, comme Garo, de mettre des citrouilles à un chêne. »

— Monsieur, dit une jeune dame, si vos histoires