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avec lui ; d’Orsay lui-même, le beau d’Orsay fut vaincu par notre colonel lors de la dernière revue passée par Napoléon avant d’entrer en Russie.

Tout était opposition chez cet homme privilégié. La passion vit par les contrastes : aussi ne me demandez pas s’il exerçait sur les femmes ces irrésistibles influences auxquelles leur nature se plie comme la matière vitrifiable sous la canne du souffleur ; mais, par une singulière fatalité, un observateur se rendrait peut-être compte de ce phénomène, il avait peu de femmes, ou négligeait d’en avoir.

Pour vous donner une idée de sa violence, je vais vous dire en deux mots ce que je lui ai vu faire dans un paroxisme de colère.

Nous montions avec nos canons un chemin très-étroit, bordé d’un côté par un talus assez haut, et de l’autre par des bois. Au milieu du chemin, nous nous rencontrâmes avec un autre régiment d’artillerie, à la tête duquel était le colonel. Ce colonel veut faire reculer le capitaine de notre régiment, qui se trouvait en tête de la première batterie ; celui-ci s’y refuse ; l’autre fait signe à sa première batterie d’avancer ; et malgré le soin que le conducteur mit à se