Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/47

Cette page n’a pas encore été corrigée

Nous regardâmes tous la jeune étourdie avec une malice douce, la malice d’artistes très indulgens de leur nature.

Pour la tirer de peine, le narrateur reprit vivement :

Lorsque je lus le fantastique portrait que Charles Nodier nous a tracé du colonel Oudet, j’ai retrouvé mes propres sensations dans chacune de ses phrases élégantes et passionnées. Italien, comme la plupart des officiers qui composaient son régiment, emprunté, du reste, par l’empereur à l’armée d’Eugène, mon colonel était un homme de haute taille ; — il avait bien huit à neuf pouces, — admirablement proportionné, un peu gros peut-être, mais d’une vigueur prodigieuse, et leste, découplé comme un lévrier. Il avait des cheveux noirs à profusion, un teint blanc comme celui d’une femme, de petites mains, un joli pied, une bouche gracieuse, un nez aquilin, dont les lignes étaient minces et dont le bout se pinçait naturellement et blanchissait quand il était en colère, ce qui arrivait souvent, car il était d’une irascibilité qui passe toute croyance.

Personne ne restait calme près de lui. Moi, je ne