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nquillement à mon logis, vers onze heures du soir, après avoir quitté le général Latour, dont l’hôtel se trouve à quelques pas du mien, dans ma rue ; nous sortions tous deux de chez l’ordonnateur en chef, où nous avions fait une bouillotte assez animée… Tout à coup, au coin d’une petite rue, deux inconnus, ou plutôt deux diables, se jettent sur moi, et m’entortillent la tête et les bras dans un grand manteau… Je criai, vous devez me croire, comme un chien fouetté ; mais le drap étouffa ma voix, puis je fus transporté dans une voiture avec une rapidité merveilleuse ; et, quand mes deux compagnons me débarrassèrent du sacré manteau, j’entendis une voix de femme et ces désolantes paroles dites en mauvais français :

— Si vous criez ou si vous faites mine de vous échapper, si vous vous permettez le moindre geste équivoque, le monsieur qui est devant vous est capable de vous poignarder sans scrupule. Ainsi tenez-vous tranquille. Maintenant je vais vous apprendre la cause de votre enlèvement… Si vous voulez vous donner la peine d’étendre votre main vers moi, vous trouverez entre nous deux vos instrumens de chirurgie