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vint s’abattre entre ses deux bougies, sur les papiers épars de son dossier, M. Desalleux reconnut les traits de Pierre Leroux, qui sans doute était venu pour lui apprendre que dans un magistrat conscience vaut mieux qu’éloquence. Succombant sous une indicible impression de terreur, il s’évanouit ; le lendemain, on le trouva étendu sans connaissance au milieu de ce sang, qui avait coulé dans la chambre, sur son bureau, et jusque sur les feuilles de son plaidoyer ; on pensa, et il n’eut garde de dire le contraire, qu’il avait été surpris par une hémorragie. Il est inutile d’ajouter qu’il ne fut pas en état de porter la parole, et que tous ses préparatifs oratoires furent perdus.

Bien des jours se passèrent avant que le souvenir de cette terrible nuit sortit de sa mémoire, bien des jours avant qu’il pût supporter sans terreur les ténèbres et la solitude. Au bout de quelques mois cependant, l’apparition ne s’étant pas renouvelée, l’orgueil de l’esprit commença à contrebalancer le témoignage des sens, et il se demanda de nouveau s’il n’avait pas été dupé par eux. Afin de mieux infirmer cette autorité, dont tous ses raisonnemens ne l’affranchissaient pas complétement, il appela à son aide l’opinion de son