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rendirent à la place du Martroie, qui est le lieu où se font les exécutions ; il y trouvèrent un échafaud qui avait été dressé pour eux, et beaucoup de monde qui les attendait. Pierre Leroux, avec la résignation que met à Paris un sac de farine à se hisser, au moyen d’une poulie, dans le grenier d’un boulanger, monta l’escalier de l’échafaud. Comme il arrivait aux derniers degrés, un rayon de soleil, qui se jouait sur l’acier brillant et poli du glaive de la justice, lui donna dans les yeux, il parut prêt à chanceler ; mais l’exécuteur, avec le courtois empressement d’un hôte qui sait faire les honneurs de chez lui, le soutint par-dessous les bras, et le posa sur le plancher de la guillotine ; là Pierre Leroux trouva M. le greffier criminel qui était venu pour formuler le procès-verbal de l’exécution, MM. les gendarmes chargés de veiller à ce que l’ordre public ne fut pas troublé dans le compte qu’il allait régler, et MM. les valets du bourreau, qui, loin de justifier le proverbe dont ils sont l’objet, lui montrèrent avec une complaisance pleine d’égards comment il devait se placer sous le couteau. Une minute après, Pierre Leroux fit divorce avec sa tête ; cela fut pratiqué avec une telle dextérité que plusieurs