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risonniers.

Enfin, par une nuit grise, une nuit d’automne, il acheva de scier les barreaux, attacha solidement sa corde, s’accroupit à l’extérieur sur le support de pierre, en se cramponnant d’une main au bout de fer qui restait dans la baie ; et, là, il attendit le moment le plus obscur de la nuit et l’heure à laquelle les sentinelles doivent dormir… C’est vers le matin, à peu près…

Connaissant la durée des factions, l’instant des rondes, toutes choses dont s’occupent les prisonniers, même involontairement, il épia le moment où l’une des sentinelles serait aux deux tiers de sa faction et retirée dans sa guérite, à cause du brouillard ; puis, certain d’avoir réuni le plus de chances favorables à son évasion, il se mit à descendre, nœud à nœud, suspendu entre le ciel et la terre, mais tenant sa corde avec une force de géant.

Tout alla bien. Il était arrivé à l’avant-dernier nœud, lorsque près de se laisser couler à terre, il s’avisa, par une pensée prudente, de chercher le sol avec ses pieds, et — il ne trouva pas de sol… Diable ! c’était un cas assez embarrassant. Il était en sueur, fatigué, perplexe, et dans cette situation où l’on joue sa vie à pair ou non. Il allait s’élancer par une raison frivole ; son