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gloire, et le récompenser largement de toutes ses avances.

Il est, au reste, vrai de dire que s’il fût arrivé au but qu’il se proposait, il eût réellement mis la main sur une excellente spéculation. Ayant en sa possession un violon de Stradivarius, dont quelques amateurs, à plusieurs reprises, lui avaient offert un haut prix, l’idée lui était venue d’imiter le faire de cet auteur. Il avait pensé qu’en reproduisant avec une rigueur mathématique les formes et les dimensions de ses instrumens, en employant un bois semblable à celui qui avait servi à les établir, en arrivant à imiter rigoureusement le vernis et la couleur dont ils avaient été primitivement enduits, il parviendrait à se procurer une qualité de son exactement pareil. Malgré tous les soins qu’il mettait à ses contre-façons, toujours il s’y rencontrait une légère différence avec le modèle ; or des nuances infiniment subtiles constituant, selon toute apparence, la supériorité qui faisait son désespoir, il pensait pouvoir logiquement expliquer l’infériorité de ses copies par les imperfections presque insaisissables qu’il y découvrait, en sorte que l’œuvre était toujours à reprendre ; c’était une manière de