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je prie la servante de demander à sa maîtresse si elle peut venir prendre le thé avec moi.

»J’étais arrivé à mon but, et j’allais causer avec celle qui connaissait le secret fatal. Elle monta dans ma chambre, et les discours que je tins furent si incohérens qu’elle s’en étonna. J’étais trop préoccupé du seul sujet qui m’intéressât, pour que mes autres paroles ne fussent pas obscures et confuses. Je passais d’un sujet à l’autre, et j’essayais vainement de donner à ma conversation l’ordre et la suite nécessaires pour inspirer de la confiance à l’hôtesse. Quand je vis que ses regards surpris se fixaient sur moi :

» — Pardon, lui dis-je, madame, vous vous apercevez de mon inquiétude ; j’ai des sujets de chagrin profonds, des soupçons cruels à éclaircir ; je suis jaloux d’une femme que j’adore, et l’anxiété où je suis doit se peindre dans tous mes discours.

»Je vis que son cœur de femme s’intéressait à mon chagrin et que sa curiosité était excitée.

» — Hélas ! repris-je, le lieu même où je suis ne fait qu’accroître mon émotion. S’il faut en croire au scandale