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théâtres de Messine : ils sont distribués en stalles où chacun trouve la place que le hasard lui assigne, de sorte que trois ou quatre rangs d’auditeurs peuvent vous séparer des personnes de votre société. C’est ce qui m’arriva le soir même où la liberté nous fut rendue. Toutes les loges étaient pleines ; nous allâmes prendre place au parterre, mes camarades et moi ; nous fûmes obligés de nous asseoir à de grandes distances les uns des autres. Dans un entr’acte plusieurs Siciliens assis près de moi se levèrent, et d’autres officiers anglais accompagnés d’un jeune homme en costume de ville prirent leur place. Ils parlaient très-haut, et j’appris que le dernier interlocuteur était arrivé le soir même à Messine par le paquebot.

»C’était un homme de taille moyenne, l’œil bleu et fixe, le regard attentif, pour ne pas dire insolent ; un véritable Anglais de l’école moderne. La secte était nouvelle alors, le Caire et Alexandrie ne m’avaient rien offert de tel : aussi l’examinais-je avec curiosité et l’écoutais-je avec attention. L’officier auquel il s’adressait, et qui semblait fort intime avec lui, avait été son condisciple au collége d’Éton. La cravate du nouveau venu l’emprisonnait si étroit