Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

toute nationale et franchement britannique ; je ne pouvais m’y tromper. Mais comment cet Anglais était-il venu à Palerme ? Un homme de cette nation en Sicile et sous la robe de capucin ! Il y avait là quelque mystère que je voulais approfondir. Je revins le lendemain à la même place dans l’espérance de l’y retrouver ; en effet il y était. Les jours suivans même manége. Peu à peu sa farouche humeur s’adoucit ; je parlais anglais avec lui, cela lui gagna le cœur. Il vit que je désirais me lier avec lui, et s’y prêta sans peine ; il avait de l’instruction et une connaissance pratique assez étendue des hommes et des choses : quinze jours après notre première entrevue il me raconta sa vie.

Rien n’est plus touchant qu’une douleur vraie qui se juge, se condamne et se contraint. La voix du moine était ferme, son œil restait sec, mais on voyait que ce calme lui coûtait. Il faisait l’histoire de son malheur comme un brave invalide raconte la campagne où il a perdu un de ses membres. La conversation n’était point encore tombée sur cette matière, et il ne m’avait parlé ni de ses antécédens, ni de ses malheurs, lorsque je m’avisai de lui demander depuis combien de temps il portait cette robe.