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au théâtre malédiction paternelle n’avait produit un pareil effet.

A cette terrible apparition, Sara se trouva mal ; deux soldats de la garde du roi, en faction dans les coulisses, s’emparèrent du perturbateur et le mirent à la porte de la scène, où sa qualité de père au désespoir ne lui donnait point entrée. Le directeur du théâtre ne pouvait comprendre la colère de cet homme, quand il avait fait à sa fille l’engagement le plus avantageux qui depuis dix ans peut-être eut été signé. Les puissances européennes furent un peu dérangées dans leur plan respectif par cette intervention qu’elles n’avaient pas prévue ; parmi les femmes il n’y avait qu’une voix : la débutante était passable, mais il fallait qu’elle fût une fille bien perdue et bien abandonnée pour donner à un père si respectable un chagrin si cruel. Quant aux gens du parterre, qui d’abord avaient paru touchés de cette scène, revenus de leur première émotion, ils demandèrent qu’on leur rendît leur argent ou la danseuse, attendu que l’affiche n’avait pas prévenu qu’elle eût un père, et qu’ils étaient venus pour assister à un ballet et non à un drame bourgeois ; les choses ne se fussent point passées autrement si l’on fût venu annoncer