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dans cet état, on peut très-bien y vivre honnêtement, quoique les dames de théâtre ne soient pas toutes en possession d’une excellente réputation. — Taisez-vous, reprenait Fleischmann, vous en savez, vous, des danseuses qui ne soient pas des Babylones vivantes ? J’aimerais mieux, comme notre grand patriarche, être obligé de la sacrifier moi-même, de mes propres mains, que de la laisser entrer dans une pareille vie. La fille de Fleischmann sauteuse publique !! — Mais enfin, mon ami, reprenait la mère, David a dansé devant l’arche. — Il y dansait, répondit solennellement le vieux juif, pour célébrer les louanges du Seigneur, et sa danse ne ressemblait en aucune manière à celle que votre Sara voudrait pratiquer. C’était une danse grave, mesurée… — Pour cela, mon ami, c’est ce que vous ne savez pas. Le livre de Samuel, que les chrétiens appellent le livre des Rois, ne dit pas du tout une danse plutôt qu’une autre. — Langue de l’enfer, s’écria Fleischmann avec une voix retentissante, que ne prends-tu avec toi ta fille, et ne la mènes-tu par les rues, comme je l’ai vu faire à d’honnêtes mères lors de mon voyage à Paris ? » Cette brillante apostrophe ferma la bouche de Mme Fleischmann,