Page:Balzac, Chasles, Rabou - Contes bruns, 1832.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les Narraghansetts, tribu voisine de son habitation, avaient pris pour sachem ou pour chef Massasoit, vieillard maladif, dont le caractère était pacifique, et dont Jock Muirland se concilia aisément la bienveillance en lui donnant de l’eau-de-vie de grain qu’il savait distiller. Massasoit tomba malade ; son ami Muirland vint le visiter dans sa hutte.

Imaginez un wigwam indien, cabane pointue, avec un trou pour laisser échapper la fumée ; au milieu de ce pauvre palais, un foyer embrasé ; sur des peaux de buffle, étendues par terre, le vieux chef malade ; autour de lui les principaux sagamores du canton, hurlant, criant, pleurant et faisant un tapage qui, loin de guérir le malade, eût rendu malade un homme en bonne santé. Un powam ou médecin indien conduisait le chœur et la danse lugubres ; les échos voisins retentissaient du bruit que faisait cette étrange cérémonie : c’étaient là les prières publiques offertes aux divinités du pays.

Six jeunes filles étaient occupées à masser les membres nus et froids du vieillard : l’une d’elles, fort jolie, âgée à peine de seize ans, pleurait en s’acquittant de cet office. Le bon sens de l’Écossais lui fit bientôt