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humeur.

On avait déjà épuisé la plupart des vieilles romances de fondation, quand les douze coups de minuit sonnèrent et propagèrent au loin l’écho de leurs vibrations. Ils avaient bu largement. Voici venir le moment des superstitions accoutumées. Tout le monde, excepté Muirland, se leva.

« Cherchons le kail[1], cherchons le kail s’écrièrent-ils !… »

Jeunes gens et jeunes filles se répandirent dans les champs, et revinrent tour à tour apportant chacun une racine détachée du sol : c’était le kail. Il faut déraciner la première plante qui se présente sous vos pas ; si la racine est droite, votre femme ou votre mari seront bien faits et de bonne grâce ; si la racine est tortue, vous épouserez une personne contrefaite. S’il reste de la terre suspendue aux filamens, votre ménage sera fécond et heureux ; si votre racine est polie et mince, vous ne serez pas long-temps en ménage. Imaginez les éclats de rire, le tumulte joyeux, les plaisanteries villageoises auxquelles cette

  1. Ces usages sont encore populaires en Écosse.