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monde, celui où les classes inférieures ont le plus d’instruction et le plus de superstitions à la fois, c’est l’Écosse. Demandez à Walter Scott, ce sublime paysan écossais, qui ne doit sa grandeur qu’à cette faculté qu’il a reçue de Dieu de représenter symboliquement tout le génie national. En Écosse on croit à tous les gnomes, et on discute, dans les cabanes, des sujets d’abstraite philosophie. La nuit d’Hallowe’en est consacrée spécialement à la superstition. L’on se réunit alors pour pénétrer dans l’avenir. Les rites nécessaires pour obtenir ce résultat sont connus et inviolables. Point de religion plus stricte dans ses observances. C’était surtout cette cérémonie pleine d’intérêt, où chacun est à la fois prêtre et sorcier, que les habitans de Cassilis regardaient comme le but de leur excursion et le délassement de leur nuit. Cette magie rustique a un charme inexprimable. On s’arrête, pour ainsi dire, sur le point limitrophe de la poésie et de la réalité ; on communique avec les puissances infernales, sans renier Dieu tout-à-fait ; on transmute en objets sacrés et magiques les objets les plus vulgaires ; on se crée avec un épi de blé et une feuille de saule des espérances et des terreurs.