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LES HALLES CENTRALES

Mais le chaos qui plaît aux poètes est à bon droit l’épouvante des hommes pratiques.

Là où le premier ne recherche que le pittoresque, les seconds recherchent surtout le commode et l’utile. Aussi, depuis longtemps, la nécessité de transformer un pareil état de choses avait frappé les yeux des chefs de la municipalité parisienne.

En 1811, un décret impérial avait décidé la reconstruction des Halles ; les événements politiques de 1812 et des années suivantes ne permirent pas de donner suite à ce premier projet. Ce ne fut qu’en 1842 que la question de reconstruction se présenta de nouveau, et fut étudiée sous ses divers points de vue par des commissions spéciales qui, en 1845, arrêtèrent un programme très-détaillé et impératif, d’après lequel deux architectes, MM. Victor Baltard et Félix Callet furent chargés par l’administration municipale de rédiger des projets. Six ans plus tard, M. Berger, préfet de la Seine, ayant approuvé les projets présentés par ces deux architectes, la première pierre des nouveaux bâtiments fut posée, en 1851, par le prince Louis-Napoléon, alors Président de la République.

À cette époque déjà, les métaux s’étaient introduits dans la construction, en augmentant chaque jour le domaine de leurs applications. Ce n’était plus seulement des combles d’édifices, des travaux de consolidation des parties principales, que l’on exécutait avec cette matière ; les gares de chemins de fer avaient donné une idée de ce que l’art pouvait attendre de l’introduction d’un nouvel élément dans l’architecture ; des ouvrages entiers, des tabliers de ponts, des planchers, des combles, des couvertures d’édifices érigés récemment à Paris et dans la province étaient là pour attester l’importance toute nouvelle des constructions en métal et les garanties que ce mode d’édification pouvait offrir comme solidité, commodité et élégance.

En faisant élever ce pavillon de pierre qui se voit en face de Saint-Eustache, on avait évidemment fait fausse route. Les architectes ne furent pas les derniers à le sentir et, à la suite d’une visite faite par l’Empereur sur le chantier, les travaux furent suspendus, le sys-