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LES HALLES CENTRALES

reproche d’impuissance et de plagiat, et nous expliquons par un tout autre motif l’absence de caractère que quelques-uns signalent dans notre architecture. Notre siècle est essentiellement positif : il veut jouir et jouir vile. L’architecture a dû suivre le courant des idées du siècle, et, pour lui plaire, elle a lutté avec lui de vitesse et de confortable. Faire vite tout en faisant bien, rechercher l’économie dans la construction, la commodité dans les aménagements intérieurs, profiter des nouveaux éléments que la science et l’industrie mettaient à sa disposition, telle a été sa préoccupation constante. Sous la pression des idées modernes, poussée par le progrès qui marche toujours, l’architecture a revêtu une forme nouvelle : cette forme, c’est l’architecture industrielle, véritable type créé par le siècle, tel que l’ont manifesté les gares de chemins de fer et leurs dépendances, et dont les Halles centrales resteront, à notre avis, comme une des réalisations les plus complètes.

Parmi les moyens que l’architecte met en œuvre, les éléments qui prennent la première place sont assurément les matériaux, Leur rôle est d’autant plus important dans la construction d’un édifice, que leurs qualités, leurs dimensions, leurs propriétés étaient plus développées et définies à l’époque de la construction, et chez le peuple qui l’a conçue. Aussi, la nature des matériaux et le parti plus ou moins grand que la science et l’industrie savent tirer de ces éléments, influent-ils sur le caractère monumental de chaque époque, de chaque nation.

Les Athéniens construisaient leurs temples en marbre pentélique, dans un pays où les carrières de marine sont sous la main, où la fréquence des tremblements de terre faisait, de l’excès même de solidité, une des premières lois de l’architecture. À Rome, la plupart des monuments étaient en briques cuites : en France, la vogue est à la pierre de taille. Dans les pays où les bois abondent, l’architecture se distingue par la simplicité et une certaine apparence de légèreté, inséparable de cet élément végétal. Vienne le fer, avec ses dimensions si commodes, avec la solidité et la flexibilité que l’industrie perfectionnée de ces derniers temps a permis d’atteindre, et l’on