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que la vérité qui doit décider de l’affaire, n’importe laquelle, supposez, dis-je, que cette vérité une fois trouvée et proclamée, tout à coup toutes les intelligences soient convaincues, toutes les volontés déterminées, que tous reconnaissent que le gouvernement a raison, et lui obéissent spontanément ; il n’y a point encore de contrainte, il n’y a pas lieu à employer la force. Est-ce que par hasard le gouvernement ne subsisterait pas ? Est-ce que, dans tout cela, il n’y aurait point eu de gouvernement ? Évidemment, il y aurait eu gouvernement, et il aurait accompli sa tâche. La contrainte ne vient que lorsque la résistance des volontés individuelles se présente, lorsque l’idée, le parti que le pouvoir a adopté n’obtient pas l’approbation ou la soumission volontaire de tous. Le gouvernement emploie alors la force pour se faire obéir ; c’est le résultat nécessaire de l’imperfection humaine ; imperfection qui réside à la fois et dans le pouvoir et dans la société. Il n’y aura jamais aucun moyen de l’éviter absolument ; les gouvernements civils seront toujours obligés de recourir, dans une certaine mesure, à la contrainte. Mais évidemment la contrainte ne les constitue pas ; toutes les fois qu’ils peuvent s’en passer, ils s’en passent, et au grand bien de tous ; et leur plus beau perfectionnement, c’est de s’en passer, de se renfermer dans les moyens purement moraux, dans l’action exercée sur les intelligences ; en sorte que, plus le gouvernement se dispense de la contrainte et de la force, plus il est fidèle à sa vraie nature, et s’acquitte bien de sa mission. Il ne se réduit point, il ne se retire point alors, comme on le répète vulgairement ; il agit d’une autre manière, et d’une manière infiniment plus générale et plus puissante. Les gouvernements qui emploient le plus la contrainte font bien moins de choses que ceux qui ne l’emploient guère.