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l’impiété des classes punissantes, ainsi que punies. Elle propose et insiste pour une réforme radicale. Quand cette réforme aura été menée jusqu’à un certain point, un gouvernement qui n’est pas corrompu par le pouvoir militaire et le préjudice pénal sera faisable et immanquable. Pour montrer qu’un tel gouvernement est possible, je vais maintenant présenter un extrait clair, plein de discernement, et irréfutable de M. Guizot, premier ministre de France.[1]

extrait d’un cours de m. guizot

N’est ce pas se faire du gouvernement en général une bien petite et grossière idée que de croire qu’il réside uniquement, qu’il réside même surtout dans la force qu’il déploie pour se faire obéir, dans son élément coercitif.

Je sors du point de vue religieux ; je prends le gouvernement civil. Suivez, je vous prie, avec moi, le simple cours des faits. La société existe : il y a quelque chose à faire, n’importe quoi, dans son intérêt, en son nom ; il y a une loi à rendre, une mesure à prendre, un jugement à prononcer. À coup sûr, il y a aussi une bonne manière de suffire à ces besoins sociaux ; il y a une bonne loi à faire, un bon parti à prendre, un bon jugement à prononcer. De quelque chose qu’il s’agisse, quel que soit l’intérêt mis en question, il y a en toute occasion une vérité qu’il faut connaître, et qui doit décider de la conduite.

La première affaire du gouvernement, c’est de chercher cette vérité, de découvrir ce qui est juste, raisonnable, ce qui convient à la société. Quand il l’a trouvé, il le proclame. Il faut alors qu’il tâche de le faire entrer dans les esprits, qu’il se fasse approuver des hommes sur lesquels il agit, qu’il leur persuade qu’il a raison. Y a-t-il dans tout cela quelque chose de coercitif ? Nullement. Maintenant, supposez

  1. François Guizot (1787-1874), professeur d’histoire à l’Université de Paris, ministre de l’instruction publique (1832-1837), ambassadeur en Angleterre (1840), ministre des affaires étrangères (1840-1847) et Premier ministre de France (1847-1848). Après la révolution de 1848 il a repris sa carrière d’historien. Son Histoire de la civilisation en Europe (1828) a été publiée en traduction anglaise en 1846.