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478. En rassemblant des bras, des cuisses, des pieds (qui ont appartenu) à différents (corps), ces (femmes) remplies de douleur s’évanouissent à chaque instant.

479. Certaines femmes des Bharatides, en soulevant par la tête des cadavres qui avaient été dévorés par les oiseaux de proie, ne reconnaissent plus leurs époux, même en les voyant.

480. D’autres, ô meurtrier de Madhou, se frappent la tête de leurs mains, en voyant leurs frères, leurs pères, leurs fils et leurs époux, tués par les ennemis.

481. Couverte d’une boue de chair et de sang, la terre est rendue impraticable à la marche, (jonchée qu’elle est) par les bras (des morts) tenant encore leurs glaives, et par leurs têtes ornées de boucles d’oreilles.

482. Ces femmes irréprochables qui, naguère, n’étaient pas habituées à la douleur, en font l’apprentissage sur ce champ, couvert de leurs frères, de leurs pères et de leurs fils.

483. Ô Janârdana, vois ces nombreuses troupes de brus de Dhritarâshtra, semblables à des troupeaux de cavales aux belles crinières.

484. Keçava, quel (spectacle) peut me sembler plus pénible, que les différentes attitudes que présentent toutes ces femmes ?

485. Assurément, j’ai dû pécher dans mes existences antérieures, puisque je vois, tués (ainsi), mes fils, mes petits-fils et mes frères. »

486. Dans son affliction, elle contempla, en se lamentant, le (corps de son) fils tué.