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1790. Que cette terre, (restée) toute seule, soit à toi maintenant. Car, quel prince désirerait conserver la royauté, (quand il n’a) plus de compagnons ? ô roi,

1791. Après avoir causé la mort d’amis comme mes frères, mes fils, mes pères ; après que mon pouvoir royal a été anéanti par vous, quel est donc (l’homme), dans ma condition, qui (songerait à) vivre ?

1792. Quant à moi, vêtu de peaux d’animaux, j’irai dans les bois (vivre en ascète), car le bonheur n’est plus dans la royauté, pour celui dont le parti est détruit, ô Bharatide.

1793. Cette terre, (sur laquelle) la plupart de mes adhérents, ainsi que leurs chevaux et leurs éléphants ont été tués, est à toi. Ô roi, jouis en donc paisiblement.

1794. J’irai dans les bois, en me couvrant de peaux de gazelles, ô puissant. Dépourvu de sujets, je ne désire plus vivre.

1795. Va, ô Indra des rois, jouis à ta volonté de la terre, dont les maîtres et les guerriers sont tués et dont les champs sont épuisés.

1796. Sañjaya dit : Quand il eut entendu ton malheureux fils Douryodhana, qui se tenait dans l’eau, le très glorieux Youdhishthira répondit ces paroles.

1797. Youdhishthira dit : Ô mon cher, toi qui te tiens (au milieu) de l’eau, ne fais pas entendre ces lamentations de désespoir. Elles n’émeuvent pas mon esprit comme celui de Çakouni, ô roi.

1798. Quand bien même tu serais capable d’être libéral, ô Souyodhona, je ne voudrais pas gouverner une terre que tu m’aurais donnée.

1799. Je n’accepterais pas, sans l’avoir gagnée, cette