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l’intelligence pure. Cette solitaire exaltation de toutes les facultés physiologiques et psychologiques, qui fut l’objet de tant d’études dans les mystères anciens, et qui est si discréditée de nos jours, avait été produite en lui par l’extrême susceptibilité de son organisation douloureuse. Toutefois cet état indépendant de l’état habituel, et qui constituait une individualité différente, avait cela d’heureux, que le mal le frappait à son insu. Alors, n’étant plus contenue par les liens de subordination des créatures entre elles, et d’assujettissement des créatures aux objets de la création, sa pensée errait en liberté parmi les mondes et parmi les lois qui gouvernent les mondes. Comme Job, elle osait demander à Dieu compte de ses œuvres, et Dieu daignait répondre à la pensée de l’homme. Alors elle concevait des notions du temps et de l’espace qu’en ces moments seuls elle pouvait concevoir ; alors, pour cette pensée ainsi affranchie, la vie idéale était la vie réelle ; alors, elle ne s’é-