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Hébal ne s’endort point, mais le monde extérieur semble disparaître pour lui ; sa pensée, dégagée de tout ce qui pouvait contraindre ou marquer son essor, ne trouve plus de limite ni dans le temps ni dans l’espace. Une réminiscence d’un genre nouveau se présente à son esprit ; c’est la réminiscence de toutes les apparitions magnétiques dont se remplissait si souvent la première partie de sa vie. Celles de ces apparitions qui faisaient saillir un point de l’ensemble des choses se groupèrent entre elles, prirent de l’unité, tout en se classant avec la rapidité de l’éclair qui fend la nue. Il en résulta subitement une magnifique épopée idéale à-la-fois successive et spontanée.

Et cette épopée prit une forme dithyrambique. La strophe, comme dans la poésie lyrique primitive, représentait le ciel des fixes ; l’antistrophe, le ciel des mobiles, le temps et l’éternité, le fini et l’infini ; l’épode résumait l’harmonie des deux mouvements. Comme