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Un fluide quelconque va et vient dans tout l’appareil de canaux que l’analogie seule démontre ; car nos yeux, aidés de l’instrument le plus parfait, s’arrêtent à la forme extérieure d’un tel animal. Il est cependant vrai que la fibre de cet être tient une place dans l’espace, et que chaque mouvement de circulation qui s’opère en lui, tient une place dans le temps. Si lui-même a des yeux, et cela est incontestable, comment concevoir l’extrême ténuité de l’organe ? Comment se faire une idée de la molécule de lumière qui vient réveiller en lui la sensation de la vue ? Comment imaginer les objets qu’il voit, qu’il cherche à atteindre, dont le cercle forme toute la sphère dans laquelle il s’agite imperceptiblement ? Son horizon le plus étendu sans doute est circonscrit dans un espace qui, en quelque sorte, n’existe pas pour nous ; et pour lui, comme pour nous, la lumière parcourt soixante-dix mille lieues par seconde avant d’attein-