Page:Ballanche - Vision d’Hébal.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Et il éprouva une grande fatigue. Il n’eut que le temps de raconter ce qui venait de lui arriver, et que nul autour de lui n’avait soupçonné.

Et il n’avait pu raconter tout ce qu’il avait vu, et il n’avait pu dire tout ce qu’il avait senti, car la parole successive est impuissante pour une telle instantanéité.

Et même il n’était pas certain de l’exactitude de son langage ; il avait passé trop brusquement de la région de l’esprit à la région de la forme.

Et il rendit le dernier soupir en prononçant le mot éternité.

Il avait senti que toute vie humaine est le résumé de toute la destinée humaine, et que cette vie humaine ne se résume elle-même qu’au moment palingénésique de là mort.

À ce moment sans doute tous les rideaux ont été levés pour lui, tous les sceaux ont été brisés, et il a eu le sentiment vrai des choses, dont il avait eu le sentiment obscur.