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rente, car l’homme seul ressuscitait réellement. Mais l’immatériel ne devait point être anéanti, et toute vie s’était réfugiée dans la vie humaine.

Quel spectacle !

Le genre humain, seule forme subsistante, se réveillant de la mort, et se mettant, comme autrefois Job, à interroger le Créateur, le Créateur dont l’ouvrage va périr ! Tant de générations qui parlent par un cri unanime, devenu une voix articulée, une seule voix, la voix de l’homme universel ; et cette voix est un gémissement qui contient l’image et le souvenir de toutes les calamités humaines depuis le commencement jusqu’à la fin.

Et cette voix du gémissement, de l’angoisse et de la mort, cette voix disait :

« Voilà donc cette terre qui me fut donnée comme un héritage !

« Voilà cette terre que j’ai arrosée de mes sueurs, que j’ai baignée de mon sang, que j’ai pétrie de mes larmes !