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l’expérience n’a pas encore détruit ses illusions, alors que sa jeune imagination sourit à l’avenir.

(Sixième fragm., p. 369, édit. 1833.)


Nous serions bien moins étonnés de souffrir si nous savions combien la douleur est plus adaptée à notre nature que le plaisir. L’homme à qui tout procède selon ses vœux oublie de vivre. La douleur seule compte dans la vie, et il n’y a de réel que les larmes.

(2e fragm., p. 343.)


L’égoïste est une sorte de vampire qui veut nourrir son existence sur l’existence des autres. L’être personnel se fait centre ; il croit que les pensées des autres ne sont bonnes qu’autant qu’elles peuvent servir à illustrer sa propre pensée : le monde des abstractions, le monde des réalités, tout doit être à son profit. Il veut exciter l’admiration, et non faire du bien. Peu satisfait d’exercer de l’influence autour de soi, et d’en recevoir du milieu social où il se trouve placé, il veut régner par son intelligence, et ce n’est pas pour cet usage qu’une intelligence lui fut accordée.

(Paling. soc., p. 336.)


La véritable mission de la société est de protéger les individus, de développer les facultés de l’homme, de perfectionner le genre humain.

(Ville des Expiat., liv. II, 6.)


La société ne peut se créer qu’en formant le lien domestique ; la propriété sorte d’identification de l’homme avec la terre par la culture y devient sacrée par les tombeaux ; et c’est ainsi que le genre humain tout entier peut parvenir un jour à n’offrir qu’une seule et grande famille.

(Orphée, liv. II)