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Les éléments qui constituent le bonheur de l’homme ne se trouvent que dans la société : ce n’est que là qu’il peut jouir du charme des affections.

(Inst. soc., p. 285, éd. 1818.)


L’homme ne vit pas avec autant d’intensité dans le temps qu’on le pense. Tantôt c’est à sa gloire future qu’il sacrifie son repos actuel, tantôt c’est à sa patrie, tantôt c’est à ses enfants, tantôt enfin, c’est à une félicité dont les trésors ne peuvent s’ouvrir pour lui qu’au delà du tombeau. L’infini est toujours au fond de son cœur.

(Instit. soc., p. 160 ; éd. 1818).


Tout se passe au fond de notre cœur ; et c’est notre cœur seul qui donne à tout l’existence et la réalité.

(Orphée, liv. II)


L’homme a beau être convaincu par la raison ; s’il n’est pas persuadé par le sentiment, jamais une bonne pensée ne deviendra une bonne action.

(Du sentiment, p. 48.)


Savoir et aimer, voilà tout l’homme. Il est donc appelé à développer à la fois, ou successivement, par la société son intelligence et son sentiment moral. Je crois même que le développement du sentiment moral ne peut être complet, ne peut approcher d’être complet, que par le plus grand développement possible de l’intelligence. Les décisions du sentiment moral, lorsqu’il est fortement exalté dans de hautes intelligences, finissent bientôt par être à l’usage de tous. Les sympathies de l’humanité rendent communs le bien et le mal. Voyez ce qui se passe chez les enfants. Le sentiment moral ne s’y manifeste qu’avec