Page:Ballanche - Pensées et Fragments, éd. Vulliaud, 1907.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.


L’homme est un être incomplet, destiné à se compléter successivement par sa propre intelligence, par sa propre volonté ; il ne peut rien pour l’avancement et la perfection de sa nature ; tant qu’il est dépourvu du sentiment religieux ou du sentiment social, c’est-à-dire du sentiment qui le met en rapport avec Dieu, et de celui qui le met en sympathie avec ses semblables.

(Orphée, 1. II.)


L’homme ne peut naître que dans la société, comme nous l’avons déjà dit ; par conséquent il ne peut se propager que dans la société.

(Inst. soc., p. 277, éd. 1818.)


L’amour chez l’homme est un sentiment moral ; ce n’est que par dégénération qu’il se transforme quelquefois et qu’il devient l’irrésistible appétit des sens comme chez les animaux.

(Inst. soc., p. 276, éd. 1818.)


Les hommes isolés peuvent obéir à mille mauvais penchants ; réunis, une révérentielle honte, comme disait Montaigne, vient les saisir, tant il est vrai que Dieu a placé un instinct moral dans la société.

(Inst. soc., p. 338, éd. 1818.)


La véritable dépravation de l’homme, c’est l’état sauvage et le dégoût de la société. La solitude ne vaut rien à l’homme, parce qu’elle n’est pas son état naturel.

(Inst. soc., p. 292, éd. 1818.)


Celui qui a fait l’homme l’a fait être social et collectif. C’est pour cela qu’il lui a donné une enfance nécessiteuse et une vieillesse infirme.

(Orphée, 1. VIII.)