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CIEL D'AMÉRIQUE

l’industriel allait repartir pour l’Europe lorsque Bouilloux-Lafont, travaillé par Portait, et qui, de plus, s’était renseigné sur le succès de la mission Roig-Vachet lors de leur vol Brésil-Argentine, lui proposa de tenter à Buenos-Ayres la chance qui lui avait été défavorable au Brésil.

Comme les deux hommes embarquaient à Rio pour Buenos-Ayres, Vachet, qui venait de les accompagner au port, sauta à la poste centrale et télégraphia à Almonacid ; en rentrant chez lui le soir, il avait retrouvé le sourire.

Sa femme l’attendait et, tous deux, joyeux, se dirigèrent vers l’avenue de Boira-Mar : le navire, tous feux allumés, sortait de la baie, glissant au milieu des îles, qui semblaient, dans le soir tombant, des monstres marins curieusement difformes ou, certaines, des nefs étranges qui auraient jeté l’ancre au milieu de ce paysage fantastique.

Derrière eux, la chaîne des Orgues, avec ses montagnes étagées, dont les sommets se fondaient dans les nuages, formait un écrin magnifique au collier de perles lumineux qui s’étalait jusqu’à la mer en une vision irréelle et féerique.

— Je crois que le Condor de la Rioja va sauver la situation : avant un an, la ligne vivra, dit le pilote.

— Ne te l’ai-je pas toujours dit, répondit seulement Mme Vachet.

Quinze jours plus tard, un télégramme d’Almonacid, daté du 8 février 1927, annonçait le succès des démarches tentées auprès du président de Alvear : « Contrat postal exclusif de dix ans signé ce matin. »