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BALISEURS DE CIELS

tendu se présenta à lui sous les apparences de sa femme.

— Ta ligne sera créée et elle vivra. Mieux, nous la créerons tous les deux…

Et Vachet se reprenait à espérer d’autant plus que M. Portait venait de lui annoncer un succès du plus heureux augure. Il était parvenu à intéresser au projet d’équipement aérien de l’Amérique du Sud l’une des puissances les plus indiscutées de ce continent : le financier français Marcel Bouilloux-Lafont.

Celui-ci, depuis vingt-cinq ans, avait réalisé — et particulièrement au Brésil — une œuvre gigantesque dont le prestige avait rejailli sur notre pays lui-même.

Villes, ports, mines, chemins de fer, banques, il avait tout créé, tout géré avec un bonheur sans défaut, aidé de son fils André, jeune polytechnicien de grande valeur.

Sur les instances de Portait et de Vachet, M. Latécoère partit pour Rio où il arriva le 3 décembre 1926 ; il y fut accueilli par Vachet qui, quelques heures plus tard, le présenta à M. Bouilloux-Lafont.

Les deux hommes, grands bâtisseurs tous, deux, étaient faits pour se comprendre ; l’accord ne se fit pourtant pas entre eux, tout d’abord, sur le plan financier mais patriotique.

— Si mon influence ici, qui est grande, peut vous être utile, je la mets à votre disposition. Votre échec serait un échec pour la France et je n’en veux pas dans ce pays.

Malgré tout l’appui de Marcel Bouilloux-Lafont, le contrat entre les lignes Latécoère et le Ministère brésilien des Travaux publics fut rejeté par le Tribunal des Comptes et, résigné,