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CIEL D'AMÉRIQUE

M. Latécoère, industriel et homme d’affaires, n’admettait que les entreprises qui « faisaient » de l’argent : il entendait voir, avant la fin de 1925, s’ouvrir les premières lignes de ce réseau d’Amérique du Sud qui lui coûtait déjà plus de deux millions.

Or, si les achats et les installations de terrain dont Vachet s’était occupé dès son retour à Rio avançaient rapidement, il n’en était pas de même des conventions indispensables qui devaient être passées avec les États desservis.

L’opposition d’une nation européenne qui se flattait de rivaliser avec la France dans l’établissement du réseau sud-américain retarda plus d’un an les accords postaux et l’obtention des subventions. Tandis que le prince Murat se débattait avec M. Portait contre les bureaucrates brésiliens, M. Latécoère perdait patience et menaçait, au courant de 1926, de rappeler le personnel et de récupérer le matériel.

En octobre 1925, Vachet et Hamm qui, depuis huit mois, avaient risqué chaque jour leur peau dans les vols de reconnaissance les plus dangereux, ne reçurent, en sus de leur très modeste traitement, que 10 000 francs chacun ; afin de faire subsister la mission, le prince Murat dut vendre des avions et des moteurs, puis se résoudre à ne garder en Amérique du Sud que Vachet et deux mécaniciens.

Vers la fin de 1926, après dix-huit mois de lutte quotidienne, coupée de quelques éclaircies comme la création de cette Compagnie Générale d’Entreprises Aériennes que le prince Murat avait réussi à faire financer par un groupe brésilien — le chef-pilote lui-même commençait de désespérer lorsqu’un appui précieux et inat-