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BALISEURS DE CIELS

Lorsque au soir du 15 janvier 1925, Vachet et Lafay se furent posés sur le terrain militaire de Palomar, ils s’enquirent des hangars dans lesquels ils devaient ranger leurs appareils : le Ministère de la Guerre argentin avait écrit au prince Murat pour l’assurer que le nécessaire serait fait afin que les mécaniciens français pussent, tout à leur aise, réviser les avions durant le séjour de la mission à Buenos-Ayres.

Le colonel Torrès, commandant par intérim le camp de Palomar, n’avait pas été informé de cet accord de ses chefs et, de plus, était connu pour un germanophile convaincu :

— Les hangars disponibles sont réservés, fit-il répondre, aux appareils allemands de la mission du docteur Luther, qui viennent de débarquer au port et que nous attendons d’un moment à l’autre. Les Français n’ont qu’à laisser leurs avions à la corde en bordure de l’aérodrome ; ils ne s’envoleront pas tout seuls !…

C’était la saison des orages, si brusques dans ces régions, et des fortes chaleurs qui risquaient de détériorer les appareils. Devant un refus aussi net Vachet et Lafay acceptèrent l’offre de l’Aéro-Club argentin, dont le président leur offrit l’hospitalité sur son terrain, distant de quelques kilomètres et vers lequel se hâtaient en voiture personnalités et journalistes enthousiastes.

Lorsque Vachet et Lafay, ayant coupé leurs moteurs, descendirent de leurs avions, ils virent bondir d’une superbe voiture Almonacid qui, mêlant ses félicitations aux injures contre le discourtois colonel, jurait de laver dans le sang cet affront fait à ses camarades de combat.