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REINE D’ARBIEUX

attitude et qui était, sans doute humilité de parent pauvre, ou d’obligé, faisant un retour sur sa posi­tion subalterne. L’avait-elle déjà rencontré ? Oui, trois mois auparavant, le jour de son mariage, et une ou deux fois peut-être à l’église où elle avait eu l’impression de le reconnaître. Qu’elle se sentait confuse de ne pas l’avoir prié déjà de venir les voir ! C’était la faute de Germain. La famille pour lui n’existait pas.

— Nous aurions voulu, osa-t-elle dire, vous inviter à dîner ou à déjeuner, mais la maison est encore remplie d’ouvriers.

Elle ajouta quelques mots d’excuses. Le plaisir d’être fêtée comme elle ne l’avait jamais été lui donnait une assurance qui lui avait jusque-là manqué ; dans cette jeune femme un peu crain­tive, dominée par une volonté tyrannique, la flamme du cœur se réveillait, et la hardiesse, le goût de la vie. Elle était de celles dont chan­gent d’un instant à l’autre la physionomie et l’éclat : tout à l’heure inquiète et passive ; main­tenant ranimée et la bouche baignée dans la lumière de son sourire.

Il la remercia avec une gratitude dont elle fut surprise, comme si elle lui eût promis une faveur à laquelle il n’osait prétendre.

— Je suis sûr, ajouta-t-il à mi-voix, en l’enve­loppant d’un regard vif et insidieux, que vous embellissez toutes choses.

Sans répondre, Reine attacha sur lui l’interro­gation de ses yeux et se détourna. Il eut l’impres-