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REINE D’ARBIEUX

assombris par une expression de mauvaise humeur. Malgré l’indifférence qu’il voulait montrer, sa voix le trahissait. Il y avait dans cette voix de l’impatience, de la passion sourde. Sous la courte moustache, une contraction serrait les mâchoires.

Tout l’après-midi, Régis ne s’était pas aperçu qu’il le surveillait. Il était perdu dans ses pensées. Loin de se méfier, il éprouvait pour Sourbets quelque sympathie. Il l’avait connu à la guerre. Ce Landais violent, qu’il se souvenait avoir vu apporter un soir dans une ambulance du front, derrière Verdun, grièvement blessé au côté d’un éclat d’obus, avait du courage. Avec tous ses défauts, il le savait capable de générosité. C’était un homme.

— Certes, dit Régis — et un sourire désabusé passa sur sa bouche — je n’aurais pas cru abandonner. Mais les études sont si longues. Il faut pouvoir attendre, pouvoir s’installer… Enfin c’est ainsi !

Il parlait avec une sorte de fatalisme.

— Je pense bien, affirma Sourbets, que vous avez vos raisons. Puis-je vous demander si la situation qu’on vous fait est belle ?

Régis hésita :

— J’espère qu’elle le deviendra. Sinon, je chercherai quelque chose d’autre. Il doit y avoir des occasions à saisir. Je courrai ma chance…

Sourbets le regardait avec force, comme s’il eût voulu le suggestionner, infuser en lui un peu de l’énergie qui le remplissait.

— Voilà, dit-il, qui est bien parlé. Vous êtes