Page:Balde - Reine d'Arbieux, 1932.pdf/233

Cette page a été validée par deux contributeurs.
233
REINE D’ARBIEUX

contre le mur, sanglota un moment et ne dit plus rien.

Au début de janvier, le bruit se répandit que Germain avait vendu la papeterie. On apprit ensuite qu’il s’installait près de Langon, dans l’usine électrique que son père lui avait cédée. Le vieux Sourbets venait d’avoir une petite attaque et se retirait à Lucmau, en pleine lande, dans un ancien logis de famille, où il aurait les yeux sur ses pins et ses métairies. Il n’amenait, avec sa servante, que « lou Blancot », un singulier petit homme, plissé de rides, ratatiné, qui soignait son cheval, pêchait le goujon, et le fournissait selon les saisons de mûriers, de râles et de grives — moyennant quoi il lui donnait une paillasse au fond de l’écurie, la soupe tous les jours et une paire de sabots de temps en temps.

La maison que le père Sourbets avait habitée était voisine de l’usine. C’était une belle demeure carrée, entourée de platanes et de charmilles. Ger­main la fit réparer. Il avait acheté aussi une auto­mobile — une Renault « conduite intérieure ». Quelque chose, en lui avait changé. Il semblait raffermi, moins brusque. On ne le voyait plus au café ni dans les auberges. Génie, qui tour­nait le soir longtemps autour de la table, pour qu’il sentît moins sa solitude, le voyait souvent accoudé, le regard mûri, refait par une expression nouvelle.

Comme Clémence l’avait dit à Reine, il n’était venu qu’une fois à La Renardière. Le matin même