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REINE D’ARBIEUX

— C’est une fatalité, confia-t-il le soir à sa femme, la fille d’Arthur sera comme son père, elle mettra le désordre dans la famille.

Le pire fut, pour la vieille dame, d’apprendre que Reine était à La Renardière. Elle refusa d’abord de le croire. Que sa nièce eût cherché un refuge ailleurs que chez elle, ce n’était pas seulement un acte de la plus noire ingratitude, c’était une offense personnelle ! Elle n’eut garde d’aller aux nouvelles et attendit de pied ferme sur ses positions.

— Ce n’était pas à toi de la recevoir ! trancha-t-elle sans hésitation, le matin où Mme de la Brèche se décida enfin à subir l’assaut de ses reproches.

Elle l’accusa d’avoir agi en dessous et de porter grand tort à Reine qui aurait déjà dû retourner près de son mari.

— Ah ! protesta Mme de la Brèche, tu ne sais pas dans quel état elle est arrivée ! Il aurait fallu avoir un cœur de pierre !

Elle-même n’avait des événements qui s’étaient déroulés qu’une notion confuse. Dieu savait com­ment tout cela finirait ! Mais Mme Fondespan n’ajouta aucune foi à ses récits. Depuis les années de couvent, où l’on avait coutume de dire que Lucie était plus jolie, mais Elisa plus intelligente, il y avait entre les deux sœurs une rivalité qu’elle savait faire constamment tourner à son avantage. D’autre part, n’ayant jamais été malade, ni exposée aux épreuves qui sont le lot exclusif des gens pas-