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REINE D’ARBIEUX

auraient à vivre. De cet avenir, il voulait s’assurer les clés. Depuis l’explication de la nuit dernière, il jugeait mieux Reine. Il se rappelait son changement d’attitude lorsqu’il lui avait parlé fermement, avec netteté, à la fin de leur entretien. Elle s’était levée. Il avait été frappé de l’expression de son visage, grave et simple, rayonnant d’une loyauté qui semblait dénuder son âme. À cet instant, il l’avait senti, sa décision était prise. Son front, dont il aimait la forme charmante, ses yeux enthousiastes et purs, l’avaient reflétée. Il y avait dans ce regard la lumière d’une vie nouvelle.

Tout en passant d’une rue dans l’autre — il fallait bien acheter en hâte une valise, du linge et quelques effets — il analysait froidement ses chances :

« Un autre aurait peut-être avoué… eût plaidé l’amour ? Quelle maladresse ! Un homme qui s’accuse devant une femme reste diminué pour toujours. Qu’elle ait vu clair dans beaucoup de choses, dans la lettre même, qu’est-ce que cela fait ? Rien n’est prouvé. J’ai dédaigné de me défendre. Qu’elle entre résolument dans la voie ouverte, et je ne suis plus l’imposteur qu’elle a flétri… je suis le rival audacieux qui l’a délivrée ! »

Il avait conclu :

« En toutes choses, il n’y a que le succès qui compte. Le succès final ! La dernière manche ! Que Reine parte avec moi et Germain s’effondre ! Une