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REINE D’ARBIEUX

et traversa le jardin, se dirigeant vers la basse-cour. Comme elle tournait devant le massif de lauriers, Reine la regarda. Que son visage était heureux, détendu, baigné d’une joie qui faisait frémir !

— Voilà bientôt cinq heures, marmotta la vieille femme, espérant la ramener au sentiment du danger proche.

Mais ni Adrien accoudé au banc, la tête découverte, ni la jeune femme ne parurent entendre ; sans doute avait-il calculé que l’affaire du chien retiendrait Sourbets jusqu’au soir. Quant à Reine, quel avertissement l’eût arrachée à ce plaisir délicieux d’une amitié d’homme, alors que se ranimait dans son cœur, comme une profonde et tendre musique, la douceur de vivre ?


VIII


Après le départ d’Adrien, Reine s’était sentie lasse. Elle était rentrée dans sa chambre, se déshabillait, passait un peignoir, lorsque le grondement de l’auto l’avait saisie. Adrien avait dû rencontrer son cousin. À peine se trouvait-il sans doute à cinquante pas de la maison. Elle s’arrêta devant sa coiffeuse, le souffle coupé, passa doucement la main sur ses cheveux. Dans son visage, un peu tiré par