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ne serait plus l’amour, ce serait la bienveillance et la charité. »

Certes, Mme de Girardin était une psychologue avertie.


III


Du moins, dans la jolie nouvelle Il ne faut pas jouer avec la douleur, le séducteur sera dupe de ses manèges. Mme de Viremont était conquise et ne demandait qu’à l’avouer, mais le bel amoureux a préféré lui faire subir les épreuves les plus cruelles. Et cela par tactique sentimentale. Il se plaît à croire « que les femmes s’attachent par la douleur ». Pour une fois il s’est bien trompé, et c’est Hector, le brave garçon, le noble cœur, qui bénéficiera de sa méprise. Peu s’en est fallu cependant que son dévouement restât ignoré ! Le temps pressait, il allait mourir. Dieu merci ! L’égoïsme de son rival est venu mettre en lumière ses belles qualités.

En résumé, dans ses romans, Mme de Girardin a montré le même genre de talent que dans ses feuilletons et ses comédies ; toujours de fines observations, l’art des détails, une connaissance exercée des milieux mondains. Et maintenant, avons-nous passé en revue tous ses succès, avons-nous cité tous ses titres à l’admiration ? Non, certes ; au dire de ceux qui l’ont connue, « son véritable triomphe était la conversation ». Si l’auteur en elle était distingué, la femme était incomparable. « Son génie était un de ces génies qu’il faut lire sur la physionomie, dans les yeux et dans le son de la voix, » a écrit Lamartine.

Et c’est ce génie que nous voudrions entrevoir.