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« Herzen m’avait même dit que le citoyen Charles Marx, devenu plus tard l’un des fondateurs principaux de l’Internationale et que j’avais toujours considéré comme un homme doué d’une grande intelligence, exclusivement dévoué à la grande cause de l’émancipation du travail, avait pris une part active à ces calomnies. Je ne m’en étonnai pas trop, sachant par mon expérience passée — car je le connais depuis 1845 — que l’illustre socialiste allemand, aux grandes qualités duquel j’ai rendu et je ne manquerai jamais de rendre pleine justice, a pourtant dans son caractère certains traits qu’on serait moins étonné de rencontrer dans un belletriste[1] juif, correspondant de gazettes allemandes, que dans un défenseur si sérieux, si ardent de l’humanité et de la justice. Donc, arrivé en 1862 à Londres, je m’abstins de lui rendre visite, naturellement, peu désireux, de renouveler connaissance avec lui. Mais en 1864, à mon passage par Londres, il vint me voir lui-même et m’assura qu’il n’avait jamais pris aucune part, ni directe, ni même indirecte, à ces calomnies, qu’il avait considérées lui-même comme infâmes. Je dus le croire. » (La théologie politique de Mazzini et l’Internationale, par M. Bakounine, 1re partie 1871, p. 45-46).

On voit donc que Bakounine ne se fiait pas beaucoup aux paroles de Marx.

De 1864 à 1866, il demeura à Florence, puis à Naples.

À cette époque et dans les années suivantes, il s’a-

  1. Homme de lettres, romancier. (Trad.)